Biographie

yannick_jaffre

Né au Danemark en 1974, je passe mon enfance à Nantes dans un univers traversé par les ondes violentes de mai 68. Dans les lames de fond toxiques de cette grande vague apparemment libératrice, ma mère, terrienne lectrice, bretonne, est parvenue à jeter pour moi quelques ancres. Secouant la « camisole de flammes » de l’adolescence, j’emprunte au début des années 1990 les voies radicales de l’extrême gauche. J’y évolue en anarchiste à cheveux courts, détestant le débraillé moralisateur de ce milieu dont les fantasmagories, aussi irresponsables que confuses, se disloquent en moi par blocs entiers sous les coups de boutoir du réel, des livres et de la pensée. Tandis que je me forme intellectuellement à travers les classiques, apprenant des grecs anciens les catégories fondamentales du politique, je diagnostique les impasses existentielles du gauchisme.

Et c’est parallèlement la rencontre ou, plutôt, les retrouvailles avec la France. A grandes lampées de livres d’histoire mais aussi, plus affectivement, en renouant les fils « proustiens » de la mémoire. La rencontre tardive avec mes grands-parents paternels est, dans toute cette affaire, poignante et décisive. Anarcho-syndicaliste né espagnol, engagé à 17 ans dans la légion étrangère où il fera la campagne de Provence dans le 1er REC, personnalité hors norme, tyrannique parfois, mon grand-père m’a rendu plus sensible la culture d’une gauche ensemble populaire, virile et nationaliste ; et ma grand-mère, sainte laïque, petite Édith Piaf orpheline de père et de mère, m’a rendu plus vivante, avec l’amour simple de la patrie, une morale d’empreinte chrétienne.

Après des études menées à Nantes, Strasbourg et Paris, je deviens professeur de philosophie en 1999 à Marseille d’abord, puis à Grande-Synthe, en « zone sensible », dans l’agglomération de Dunkerque. J’y confirme en moi-même le sentiment que le multiculturalisme est intenable, le gauchisme pédagogique un désastre, et l’autorité républicaine non négociable. C’est sur ces bases que je rejoins Jean-Pierre Chevènement en 2000, épousant sans réserve sa volonté de dépasser un clivage droite-gauche désormais stérile. Campagne intense. A la déception du 21 avril succède pour moi, plus profonde encore, la consternation devant la « shamepride » bien-pensante, francophobe, qui parade dans l’entre-deux tours.

Je me radicalise alors dans le sens d’un nationalisme intransigeant dont je devais  à regret constater que le MRC, par sa culture et par son chef, ne pouvait être le défenseur. Après avoir renoué avec lui le temps de la campagne référendaire de 2005 à Lyon, où je m’étais établi l’année précédente, je suis sensible, au milieu de la désolation vulgaire du sarkozysme, à la petite musique que Marine Le Pen commence à faire entendre. Elle harmonise la souveraineté et l’identité, le colbertisme et la culture populaire, le patrimoine social et la protection de la nation – suivant à mes yeux la plus profonde, vertueuse et nécessaire ligne de force française.

Je la rejoins en 2012. A sa demande, je co-dirige Patrie et Citoyenneté (PEC) qui devait être à l’aile gauche du Rassemblement Bleu Marine le pendant du SIEL à sa droite. Mort-né malgré mes efforts et le soutien de la présidente, ce projet aura souffert d’un manque de volonté ambiant. Je préside de mai 2013 à octobre 2015, à la demande de Marine Le Pen toujours, le Collectif Racine des enseignants patriotes qui visait à porter la ligne mariniste dans un corps traditionnellement rétif. J’y articule la nouvelle doctrine avec quelque audience, mais l’entreprise pâtit bientôt de la superficialité médiatique dans laquelle certaines importances du parti s’acharnent, avec leurs laquais, à maintenir toutes choses.

Ayant fini d’observer les modes de vie ou, devrais-je dire, les formes de vie dominant l’intérieur de ce mouvement, constatant que mon travail n’y était pas exploité à sa pleine mesure, et de manière plus générale que l’effort de fond, par delà la communication immédiate, n’y était pas prioritaire, je l’ai quitté au mois d’octobre 2015. Je reprends donc l’ouvrage de philosophie politique, ou « métapolitique », qui m’avait notamment occupé, de 2011 à 2014, pour la rédaction de mon essai Vladimir Bonaparte Poutine. Et je me consacre désormais, parmi d’autres projets, à ce blog. Il se veut résolument constructif, national et populaire.


De mai 68 au patriotisme français, un parcours atypique :